jeudi 22 octobre 2015

Et si le délit d’outrage était chassé du Code pénal grâce… à Henri Guaino ?

Non, ce n’est pas une blague, et je n’ai pas fumé mon dernier plant de peyotl ! Cette alternative, qui paraissait incongrue jusqu’à hier, est tout à fait envisageable depuis que la cour d'Appel de Paris a condamné Henri Guaino à 2.000 euros d'amende pour outrage. Guaino, qui avait été relaxé en première instance, à l’issue du procès épique qui l’opposa au juge Jean-Michel Gentil, que j’avais suivi pour L’Humanité, et au cours duquel il me confia, sous l’œil éberlué du député-judoka David Douillet, dont les neurones avaient été mis à mal par des débats tempétueux : "Il faut supprimer le délit d’outrage !"
     Il suffirait pour cela :
– que Henri Guaino soit de nouveau condamné en cassation
– qu'il se tourne vers la Cour européenne des droits de l'Homme

– que celle-ci, comme elle l'avait fait pour le délit d’offense au chef de l’État, grâce au camarade Hervé Éon et à l'affaire "Casse-toi pov’con!", condamne la France

– que les parlementaires français soient contraints, comme ils l'ont fait pour le délit d'offense au chef de l’État, de supprimer l'absurde, inique et obsolète délit d’outrage.
On en reparle fin 2016, début 2017. 

L'annulation de la condamnation de Henri Guaino par la cour de Cassation rend caduc cet article. [mise à jour du 17 nov. 2016] 

vendredi 16 octobre 2015

Lettre ouverte à Brigitte Lamy, procureure de la République à Nantes, par Eric Chalmel

C'est magnifiquement écrit, magnifiquement juste, et c'est à lire sur le blog de Eric Chalmel, Les états et empires de la lune.
Le soutien de Serge Quadruppani sur son blog Les contrées magnifiques est à lire ICI.

lundi 12 octobre 2015

Compte-rendu d'audition du suspect Jean-Jacques Reboux, poursuivi pour injures publiques par Brigitte Lamy, procureure de la République de Nantes

Jeudi 1er octobre 2015, j'ai été auditionné pendant 3h30 par le lieutenant Patrick L. de la PJ de Nantes, dans le cadre de la plainte pour "injures publiques", déposée contre moi par Brigitte Lamy, procureure de la République de Nantes. Cette affaire, qui fait suite à un article publié le 9 avril 2015 sur mon blog [LIRE ICI], a été dépaysée au parquet de Saint-Nazaire.
Cette audition appelle de ma part trois réflexions.

L'affiche interdite
1°) C'est une affiche placardée sur les murs de Nantes les 15-16 avril 2015 qui a décidé Brigitte Lamy à porter l'affaire devant la justice, en s'attaquant au site Nantes Révoltée, qui a reproduit l'affiche. Quelques mois plus tard, Mme Lamy portera plainte contre moi, en tant qu’auteur d’un article illustré par une reproduction de ladite affiche (dont j'ignorais qu'il s'agissait d'une affiche, mon papier étant antérieur de 6 jours au placardage).
Nantes Révoltée étant hébergé sur Facebook, les enquêteurs de la police française se sont adressé à l'hébergeur, afin de connaître l'identité du responsable de cette page. Le siège juridique de Facebook étant situé aux Etats-Unis, où le délit d'injures publiques n'existe pas, Facebook a refusé de communiquer l'identité du responsable de Nantes Révoltée. Bien que l'enquête de police ne soit pas tout à fait terminée, la plainte de Brigitte Lamy contre Nantes Révoltée sera vraisemblablement classée sans suite. Le seul site poursuivi reste donc le blog d’un citoyen ayant témoigné à visage découvert, sans se camoufler derrière un alias.

2°) Dans le rapport de la procureure de la République de Saint-Nazaire, qui instruit la plainte de sa consœur nantaise, la totalité de mes propos est globalement mise en cause, ce qui laisse supposer que tout l’article serait injurieux, y compris lorsque j'écris : Lunettes customisées, boucles d’oreilles fantaisies pour égayer le sourire un peu triste, Brigitte Lamy pourrait être une Française ordinaire, une brave dame qui en bave dans la vie, épicière à Vallet, boulangère à Mauves-sur-Loire, caissière à Saint-Herblain. Une dame avec qui on serait tenté de s’attarder si on la croisait dans la rue ou au marché, vêtue d’une blouse ou d’un tailleur vintage.

4 jeunes gens mutilés pour raison d’État
3°) L'OPJ m'ayant auditionné m'a certifié que Quentin Torselli (le plus gravement atteint des blessés de Nantes, qui a, rappelons-le, perdu l'usage d'un œil) se trouvait à proximité d'un groupe de casseurs, alors que les images vidéos ont prouvé qu'il s'en tenait éloigné, qu'il ne marchait pas et se tenait debout, les mains dans les poches. La chose a son importance dans la mesure où elle justifie pleinement la formule à l'emporte-pièce utilisée dans mon article : "que des jeunes gens se fassent crever un œil dans la rue en se faisant tirer comme des lapins par des policiers, (…) des flics fascistes qui tirent les manifestants pacifistes comme des lapins. Ce qui ne serait pas le cas si Quentin Torselli s'était trouvé dans le groupe des "casseurs" (comme le prétend l'OPJ Patrick L., qui n'aura de cesse de me répéter que, dans une manifestation, un agent de la force publique "ne peut pas viser la tête des manifestants car c'est matériellement impossible à cause de la pression physique [de la manif] qui empêche de se concentrer." Ce qui revient à dire que c'est totalement par hasard que les balles arrivent à la tête. (Vital Michalon, Malik Oussekine, Rémy Fraisse et quelques autres sont là – ou plutôt ne sont plus là, hélas – pour prouver le contraire.)

Lors de ma déposition, j'ai reconnu :
- avoir écrit cet article par solidarité avec les victimes des violences policières, en particulier Quentin Torselli, dont je connais la famille, dans un réflexe épidermique de citoyen choqué que l'on puisse, en France, se faire crever un œil dans une manifestation et que la plainte des victimes ait été classée par une procureure dont le journal Ouest-France avait vanté "l'éthique exigeante"
- l'avoir écrit en m'inscrivant dans une tradition de liberté d'expression volontiers satirique, dans un pays réputé pour être celui des "droits de l'homme"
- ne pas avoir eu l'impression d'avoir injurié Mme Lamy, ni d’avoir porté atteinte à l'autorité judiciaire
-  m’étonner du fait qu'un magistrat, après avoir censuré le débat sur les violences policières en classant six plaintes des victimes de violences policières, utilise la coercition pénale à l'égard d'un simple citoyen, ce qui provoquera la poursuite du débat autour d'un procès
Lanceur de balles de défense (crève les yeux des manifestants)
Un appel à soutien figure sur cette page Facebook ICI.
Jean-Jacques Reboux, 12 octobre 2015