lundi 28 avril 2014

Yasmina Khadra gonfle les pectoraux, brandit la menace d’un procès et se dégonfle

De retour de quelques jours au vert, loin d’Internet et des tracas de la vie moderne, je trouve, suite à mon article du 18 avril, un courriel de Yasmina Khadra, d’une si grande élégance que j’en livre, avec l’assentiment de son auteur, la teneur :
"Puisque tu veux te faire passer pour une victime, toi l'escroc, puisque voler pour toi est emprunter sans demander la permission, puisque ça ne t'a pas suffi d’abuser de ma confiance et de mon amitié, je vais porter plainte contre toi et la justice dira qui est l'ingrat. Si tu penses qu'il suffit de s’attaquer à moi pour te donner une visibilité et peut-être joindre les deux bouts [sic], je t'autorise à diffuser ce mail, toi qui aimes tant t'exhiber en victime expiatoire après avoir trahi, menti, truandé tous les auteurs* qui se sont fiés à toi. J'ai connu des escrocs, mais avec un culot comme le tien, jamais. Rendez-vous bientôt devant le tribunal."
 * De 1992 à 2013, j'ai publié plus de 130 auteurs, aux éditions Canaille, Baleine et Après la Lune. Est-il besoin de préciser qu’à l’exception de l’une d’entre eux, qui me poursuivit en justice et fut déboutée de ses exorbitantes demandes de dommages et intérêts, aucun ne m’a jamais accusé de l’avoir truandé.
Six mois plus tard, les menaces de YK sont restées à l'état "pectoral". Yasmina-Hulk-Khadra s'est dégonflé. (MAJ du 14/10/14)
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vendredi 18 avril 2014

Comment je me suis fait entuber par Yasmina Khadra (pour solde de tout compte)


par Jean-Jacques Reboux, ex-directeur des éditions Après la Lune,
premier éditeur en France de Yasmina Khadra
Se faire entuber n’est pas chose agréable. Le reconnaître moins encore. C’est avouer qu’on a pêché par excès de confiance, par naïveté, voire par bêtise. À présent que j’ai mis fin à mes activités de petit éditeur indépendant, j’ai décidé, non sans quelque hésitation, de narrer ma collaboration douloureuse avec l’écrivain mondialement reconnu, célébré, traduit dans 43 langues, Yasmina Khadra, dont je fus, que cela lui plaise ou non (et cela lui déplaît profondément), le premier éditeur en France, et qui devint, douze ans plus tard, mon associé dans une entreprise qui connut ses heures de gloire et vient de fermer ses portes, après 7 ans d’exercice et 69 titres publiés : les éditions Après la Lune.
Youcef Dris
Entuber. Formule triviale, que j’emploie à dessein tant elle est en adéquation avec la rhétorique caporaliste du commandant Khadra lorsqu’il se met en colère, ce qui est fréquent, pour des raisons pas toujours dignes des nobles causes qu’il prétend défendre. Yasmina Khadra, c’est un peu la Mamie Nova de la littérature, on ne lui dit pas merci, on ne l’aime jamais assez, on l’accuse de tous les maux. Mais il ne se laisse pas faire. Dès qu’il y a un pet de travers, c’est plus fort que lui, il s’énerve, souffre et endosse l’habit du martyr. Critiques, éditeurs, journalistes, chroniqueurs, tous sont suspects et en prennent pour leur grade. Leur faute ? Refuser de reconnaître à sa juste valeur son génie, qui est immensissime, comme l’ignorent encore quelques indécrottables béotiens au mauvais goût navrant, complices (il n’y a pas de hasard) de l’abominable complot littéraire dont il est victime de la part des organisateurs des prix littéraires, à tel point que, se prenant à rêver d’un destin à la Émile Ajar, il décida de confondre les larrons en publiant en 2004 chez Fayard un faux premier roman, Frenchie, sous le pseudo Benjamin Cros. Mais n’est pas Romain Gary qui veut, et le feu d’artifice agonisa dans le ciel germanopratin tel un pétard mouillé. Ne parlons même pas ici des accusations de plagiat dont il est l’objet (Tahar Ouettar et Youcef Dris, dont Les amants de Padovani auraient été allègrement pillés dans Ce que le jour doit à la nuit), ou des affreux ragots colportés contre lui par la terrible ministre de la Culture algérienne.
Yasmina Khadra, personne ne l’aime, mais il est le seul à le savoir
Il lui faut par conséquent le crier sur les toits, en se gardant d’y mettre les formes. Il a beau avoir quitté l’armée algérienne, lorsqu’il s’agit de prendre l’ascendant sur le militaire Mohamed Moulessehoul qu’il est resté, l’écrivain Yasmina Khadra est à la peine. Il lui manque pour cela un petit quelque chose, qui pourrait s’appeler humilité, modestie voire, tout simplement, humanité. Comme souvent les mégalomanes, les paranoïaques, les pervers narcissiques, les persécutés, notre grand incompris souffre d’un mal pernicieux, encore méconnu (la psychologie a encore de beaux jours devant elle) : le « syndrome de Hulk », du nom de ce super-Zorro hypersensible que les injustices font exploser de verdeur. Mais revenons quelques années en arrière. Seize ans exactement. À l’époque où je fus amené à entendre sa voix. Une époque où personne en France ne connaissait son existence. Encore moins sa véritable identité.
La voix de Yasmina Khadra
La première fois que j’entendis la voix de Yasmina Khadra, c’était au téléphone, et la voix était celle de sa femme. C’était en 1997, je travaillais alors aux éditions Baleine, dont le succès insolent de la collection Le Poulpe avait permis de racheter Canaille, la maisonnette d’édition que j’avais bâtie de mes propres mains en 1992. La dernière fois que je l’ai entendue, c’était sur mon répondeur téléphonique, en juin 2013. Le ton avait résolument changé. La voix douce était fielleuse, la menace tangible : « Si tu ne me rends pas les droits de La rose de Blida, je vais être obligé de te faire un procès. » J’avais collectionné les procès depuis 2006 (un 1er contre un flic pour outrage, un 2e contre l’Opus Dei pour diffamation, un 3e contre une ex-flic devenue romancière), et bien qu'averti de la forfanterie belliqueuse du monsieur (je ne suis pas le seul de ses éditeurs qu’il ait menacé de procès), qui m’avait auparavant traité d’escroc, je lui rendis les droits qu’il me réclamait, portant sur la cession en poche de La rose de Blida (et autres nouvelles). Ce qui me mit en fâcheuse posture avec l’éditeur, Univers Poche, qui m’avait versé une confortable avance, dont je n’avais reversé à l’auteur, pour cause de trésorerie défaillante, qu’un tiers de la part qui lui revenait. Entre ces deux moments, treize ans ont passé. Le cadet en culottes courtes de Blida est devenu un écrivain célébré dans le monde entier. Flash-back.
Morituri, histoire d’un manuscrit explosif

1997, donc. Lors d’un cocktail des éditions Baleine, une journaliste du Figaroscope, excellente connaisseuse de l’Algérie, me tend un manuscrit au titre prometteur, Morituri« Lis ça, c’est génial. Ça dit tout sur l’Algérie actuelle ! Gallimard devait le publier mais ils ont la trouille des GIA, ces cons ! » L’attentat de Saint-Michel, attribué au GIA algérien, était tout frais, et si les grands éditeurs ont les moyens financiers de leurs ambitions, il arrive que le courage leur fasse défaut. Intrigué, je dévore le roman dans la nuit. Bluffé, j’en parle à Antoine de Kerversau, patron des éditions Baleine, qui me donne le feu vert. Le calendrier de la collection que je dirigeais [Canaille/Revolver] étant complet pour de longs mois, nous décidons de le publier très vite dans une autre collection.
À l’époque, Internet n’existait pas, la seule façon de communiquer avec Amal B. (le nom figurant sur le manuscrit) était le téléphone et le fax. Je disposais d’un numéro à Oran, avec créneau horaire limité : le mardi en début d’après-midi. La voix de celle qui ne se faisait pas encore appeler Yasmina Khadra était peu assurée. On la sentait confrontée à une situation qui la dépassait, dans un pays miné par la tragédie et la paranoïa. Et pour cause, c’était l’épouse de l’écrivain, que j’aurai au téléphone cinq ou six fois en deux mois. Cela, nous ne le sûmes que plus tard. Toujours est-il que Morituri parut, très vite suivi de Double blanc et L’Automne des chimères. Relayées par une couverture médiatique de choc, les aventures du commissaire Llob captivèrent des dizaines de milliers de lecteurs, les droits poche rachetés par Folio, tandis que le rideau se levait peu à peu sur l’identité de l’auteure, qui avait pris comme pseudonyme les 2e et 3e prénoms de sa femme, Yamina Khadra, que je pris, pour la petite histoire, la liberté de transformer en Yasmina, pour des raisons de sonorité.
Les années passèrent. Licencié des éditions Baleine en 1998 pour cause d’explosion en plein vol du Poulpe, je plaçai en 2000 un 4e roman de Khadra chez Flammarion (Le dingue au bistouri). Mes contacts avec l’auteur, qui avait regagné la France en passant par le Mexique et était désormais publié chez Julliard, s’espacèrent. Jusqu’à ce que nous nous retrouvions au salon du livre de Paris. Puis au salon du polar de Montigny-les-Cormeilles 2005, où La part du mort venait d’être primé. Je lui parlai de mon projet fou de monter une maison d’édition et lui demandai un texte. Il accepta chaleureusement, heureux de donner un coup de pouce à son premier éditeur en France. La Rose de Blida paraîtra en mars 2006 dans la merveilleuse collection La Maîtresse en maillot de bain, qui s’intéressait aux « petits arrangements avec l’enfance » et n’eut hélas pas le succès qu’elle méritait, en raison notamment de son petit format et de son manque de visibilité en librairie. Deux ans passèrent.
Juin 2007. Les éditions Après la Lune, criblées de dettes, essoufflées, malgré quelques jolis succès, sont sur le point de fermer boutique lorsqu’un coup de tonnerre surgit. L’Opus Dei, s’estimant diffamée par le roman Camino 999 de Catherine Fradier, envoie les huissiers. Branle-bas de combat. Souscription pour payer l’avocat. Soutien décisif du cabinet de lecture de Rue 89. Passé l’état de choc, nous nous défendîmes. Grâce à la publicité engrangée par ce procès très médiatisé, qui s’étalera sur plus d’un an et demi [l’Opus Dei perdra en appel en janvier 2009] et à l’obtention sur la lancée du prix Polar SNCF, les dettes furent remboursées en trois mois. Les affaires reprirent. Hélas trop timidement pour permettre aux éditions de rebondir, encore moins de payer leur unique salarié (ma pomme) qui se faisait exploiter par le gérant (ma pomme) en travaillant bénévolement depuis plusieurs années. C’est alors qu’eut lieu un second coup de théâtre.
YK, le retour
Printemps 2010. Après moult procrastination, j’appelle Yasmina Khadra, dont je gardais au fond de mon portefeuille le courriel plein de prévenance qu’il m’avait envoyé un jour où, terrassé par le burning-out, je lui disais ma lassitude de faire vivre un maison d’édition dans des conditions aussi précaires. Il me reçut dans son bureau, au 7e étage du Centre culturel algérien, dont il avait été nommé directeur par le président Bouteflika, qui ne se déplaçait pas encore en fauteuil roulant. L’homme n’avait pas changé. Il avait toujours au fond des yeux cette fronde pétillante et malicieuse qui m’avait séduit lors de nos premières rencontres. Il était content de me revoir. Moi aussi. Dans le feu de la conversation, il me proposa – ô miracle ! – d’investir de l’argent dans les éditions Après la Lune, afin de leur donner un nouveau souffle. « Tu auras un bureau, une attachée de presse, un salaire, je te donnerai un roman inédit… » YK racheta les parts de la moitié de mes 26 associés, entra dans le capital à hauteur de 29 %, promit de donner un peu d’air à la SARL en lui prêtant quelques milliers d’euros puis me fit part de son vieux rêve : créer une collection de littérature qui donnerait leur chance à des écrivains algériens connus au pays mais inconnus en France. « Je l’appellerai Bel Horizon ! [nom touristique donné à sa bonne ville d’Oran] Nous irons en faire la promotion au salon du livre d’Alger ! Tu viendras avec moi ! Le ministère de la Culture algérien nous achètera plusieurs centaines de livres pour les bibliothèques. » [Entretemps, l’homme s’est fâché tout cru avec la ministre, et ça ne s’est pas arrangé.] Depuis toujours passionné par l’Algérie, sa littérature, son histoire (la guerre d’Algérie est au cœur de mon roman Le massacre des innocents), je me faisais une joie de fouler le sol de ce pays. Faut-il préciser que je n’y ai jamais mis les pieds, pas plus que je n’ai vu la couleur ni de l’argent, ni du roman inédit promis. Pas plus que la concrétisation des autres projets alléchants qu’il m’avait fait miroiter (rachat par un grand éditeur, puis par un richissime homme d’affaires algérien).
La bonne foi m’oblige à préciser qu’il se trouva à l’époque quelques amis pour me dissuader de pareille association. « Ne va pas te mettre dans les pattes de Khadra ! L’anar et le militaire, vous n’êtes pas faits pour vous entendre ! » Jusqu’à cette insulte au vitriol envoyée via Facebook par la journaliste qui m’avait confié le manuscrit de Morituri, m’accusant de collusion avec le « collabo-traître à la solde de Bouteflika ». D’un naturel têtu, peu méfiant, et surtout alléché par la belle aventure qui se profilait et allait me permettre d’effectuer dans des conditions décentes ce travail d’éditeur qui me passionnait, en me versant de nouveau un salaire (ce dont le sieur Khadra, je le compris un peu tard, se contrefichait allègrement), je décidai de foncer. J’étais d’autant plus confiant que « l’ami » Khadra m’abreuvait avec une belle constance de ses jérémiades sur son éditeur Julliard, accusé de ne pas être à la hauteur de l’immense écrivain qu’il était. Il ne faisait pour moi aucun doute que mon nouvel associé s’inspirait de l’initiative de l’écrivain suédois Henning Mankel, lequel, profitant de sa célébrité, créa sa propre maison d’édition, Leopart förlag, et déclarait à L’Express : « J'avais le même éditeur depuis trente ans et je ne voulais plus que tout cet argent continue à passer uniquement dans les poches des riches. Il faut que les revenus des livres soient investis dans de nouveaux livres. » De toute évidence, mon associé allait mettre le paquet pour, primo, renflouer la maison, secundo, lui permettre de prospérer, tierco, en tirer de subtantiels bénéfices, quarto, donner leur chance à des inconnus. Il me faudra quelque temps pour comprendre qu’entre les paroles et les actes il y avait un fossé : celui de l’argent.

Un homme profondément désintéressé par l’argent
L’argent, on le sait, est, avec la soif éperdue de reconnaissance, l’une des plus lancinantes fixations de Yasmina Khadra. Pas un débat, une interview où la chose ne revienne en force, alors que personne à ma connaissance ne lui a jamais reproché de gagner confortablement sa vie grâce à ses livres. C’est ainsi qu’annonçant en novembre 2013 sa candidature aux élections présidentielles algériennes de 2014, avant même d’évoquer son programme (son non-programme, diront les mauvais esprits), il clamait : « Je ne m’intéresse pas à l’argent. » Je peux, quant à moi, témoigner que cet homme-là ne s’intéresse pas, mais alors pas du tout, à l’argent. Tenez… Même quand il place quelques milliers d’euros dans une affaire, il pousse le désintéressement jusqu’à faire tout ce qui est en son pouvoir pour que les affaires ne soient pas florissantes. J’en connais qui, taraudés par l’appât du gain – tel Henning Mankel, dont la maison d’édition, qui publie, tiens, tiens, des auteurs africains, se porte bien –, auraient déplacé des montagnes pour permettre au fleuve Pactole de couler à flots. Pas Yasmina Khadra, dont le slogan christique « Les Algériens ne s’aiment pas assez ! », à défaut de marquer l’histoire de son pays, rappelle opportunément qu’il ne tient pas les marchands du Temple en odeur de sainteté.
Je n’aurai donc pas la cruauté de rappeler ici que le 20 juin 2011, YK recevait le prix Jean Gal de l’Académie française, doté de 40.000 euros, ce qui ne l’empêchera pas, peu après, de refuser de prêter aux éditions Après la Lune les quelques malheureux milliers d’euros qu’il avait promis, et qui feront cruellement défaut au moment de mettre en chantier la collection Bel Horizon, fin 2011, empêchant notamment toute possibilité de promotion.

Collection Bel Horizon (bouché)
Le plus rageant dans tout cela, ce n’est pas tant le mépris avec lequel j’ai été traité par ce monsieur. Même si j’ai sincèrement cru qu’après les emmerdes, les vaches maigres, les poursuites de l’Opus Dei, la précarité, ainsi que – comme me le disait un des mes associés – une « certaine incapacité chronique à vouloir m’enrichir », un miracle était possible. Le plus rageant dans cette affaire, c’est la façon dont ce monsieur a fait croire à des auteurs algériens (Hamid Grine, Fatéma Bakhaï, Francis Pornon, qui lui, est, français) que sa notoriété allait servir de caisse de résonnance à leurs écrits. Au lieu de ça, ce fut un enterrement de première classe, malgré de très beaux textes, mis en valeur par les belles maquettes de Philippe Routier. À part un article de Claude Combet dans Livres hebdo, il fallait être drôlement dégourdi pour savoir, en novembre 2011, que l’écrivain algérien le plus célèbre tendait la main à ses « frères de lettres » dans la maison d’édition créée par l’éditeur qui le fit connaître en France. Les écrivains algériens qui l’accusèrent de censure au Centre culturel algérien seront ravis d’apprendre que Yasmina Khadra se paya le luxe d’autocensurer les auteurs qu’il publia et ne leva pas le petit doigt pour les défendre. Y compris lorsque Camus dans le narguiléde Hamid Grine, poussé par une critique élogieuse de Gérard Collard à la télévision, connut un joli succès d’estime [950 réassorts en dix jours, ce qui n’est pas rien] qui aurait pu se transformer en best-seller pour peu que quelques moyens y fussent consacrés. Ce qui aurait eu, il est vrai, l’inconvénient de prouver que la langue d’écrivains algériens tels que Hamid Grine et Fatéma Bakhaï valait bien celle du maître.
« Pour moi, tu n’es qu’un accident de parcours. »
Voilà. Je me suis fait duper par Yasmina Khadra et je n’en suis pas très fier. Cela aura au moins eu le mérite de m’ôter mes dernières illusions de petit éditeur allant cherchant la pitance avec les dents,  défiant les lois du sérail, et ayant compris, mais un peu tard, que la crise, les restructurations du métier de l’édition et la révolution numérique avaient définitivement azimuté la galaxie Gutenberg, et que dans ce bouleversement de civilisation les petits éditeurs iconoclastes et désargentés ne peuvent pas jouer dans la cour des grands. Reste cette question, qui restera à jamais une énigme : « Pourquoi m’as-tu fait croire, Mohammed Moulessehoul, que tu m’aiderais ? Pourquoi avoir fermé ce « bel horizon » que tu promettais à tes compatriotes écrivains ? » Relisant ses derniers courriels écorchés, j’ai bien un début de réponse, que je m’abstiendrai de livrer ici, de peur de passer pour trop cruel.
« Tu m’as déçu. Tu as essayé de m’entuber. (…)
« De grâce, ne t'attribue pas le beau rôle. Ne dis pas qu'aucun éditeur ne voulait de Morituri. Gallimard l'avait accepté avec un rare enthousiasme avant de se rétracter suite à l'attentat de Saint-Michel. [sic] D'autres éditeurs le voulaient avant que Baleine se manifeste. Baleine a été la mauvaise porte, pour moi. Hormis l'à-valoir, je n'ai JAMAIS reçu un sou des droits de vente sur l'ensemble de la trilogie. La preuve, j'en subis encore les frais via Platet/Folio. On me rémunère au compte-gouttes. Des misères. Et seulement lorsque je les réclame. C'est-à-dire une année sur cinq. (…)
« Qu'espères-tu en te faisant passer pour une victime ? Je subis la mauvaise foi depuis 15 ans. J'avance toujours. Parce que je suis un homme droit. Inutile de nous écrire. Pour moi, tu n’es qu’un accident de parcours. Tu m’as pris mon argent. Je te le donne. L’avenir nous dira qui a été bon et qui ne l’a pas été. Adieu. »
Est-il besoin de préciser que je n’ai jamais « pris l’argent » de ce monsieur et que son entrée dans le capital des éditions fut dûment signée devant mon avocat ? Mais foin des aigreurs ! Il y a une vie après l’édition (l’écriture, par exemple). Si l’avenir de l’Algérie, après la réélection du fauteuil roulant de Bouteflika, est inquiétant, celui de Yasmina Khadra m’indiffère. Quant aux accidents de parcours, dont j’ai eu plus que ma part, ils sont parfois salutaires, pourvu qu’on n’y laisse pas sa peau.
Fin de la catharsis. Vive la littérature !
[Ajout du 28 avril : YK brandit la menace d'un procès.]

mercredi 2 avril 2014

Chui'Chiante, le clip de Nausicaa, la p'tite chanteuse qui monte

Nausicaa écrit des chansons dont elle compose la musique, elle a un talent fou, du punch, un grain de folie. En attendant le CD, le clip Chui’chiante. [sur Facebook]