mercredi 7 juin 2017

La plaidoirie de Me Joanne Dakessian défendant "De Gaulle, van Gogh, ma femme et moi" à Marseille

Il y a fort longtemps, dans un songe qui me dresse encore le poil sur l'échine, se penchant au-dessus de mon lit (je n'étais qu'un enfant), Charles de Gaulle m'apparut, me susurrant à l'oreille cette étrange ritournelle : "Ou pachou pachou paya !" Puis il disparut à tout jamais.
Peu après, Vincent van Gogh me visitait à son tour. Tenant à la main son oreille coupée, il la glissa dans l'herbier que j'étais en train de confectionner et s'évapora dans un souffle. Le lendemain matin, à la place de sa pauvre oreille ensanglantée, à la page où j'avais collé un brin de blé, ces mots : Ou pachou pachou paya !
Cette étrange coïncidence me troubla – on l'eût été à moins ! Je faillis devenir fou. Seuls l'amour de parents bienveillants, et celui de mes poules, me permirent d'échapper à la folie…
Longtemps après, en l'an de grâce 2000, ayant tout lu, tout vu sur les deux hommes, ayant fait le voyage à Nunen et à Colombey, ayant enfin réussi à percer le mystère de cette étrange rencontre, j'entrepris d'écrire l'ouvrage qui scellerait la rencontre improbable entre Vincent van Gogh et Charles de Gaulle, à laquelle m'avaient convié ces deux grands hommes des Flandres élevés dans les raideurs de religions mortifères. De Gaulle, van Gogh, ma femme et moi.
Dix-huit ans plus tard, la justice des hommes me demande des comptes.
Après avoir été poursuivi par l'Opus Dei, par un flic con comme la lune, par une écrivaine sans foi ni loi, par une dingue mythomane, puis par une magistrate nantaise estimant que la police a le droit de crever les yeux des manifestants – n'en jetez plus, la cour est pleine ! –, il m'est reproché… d'avoir fait se rencontrer Vincent et Charles !

Je ne suis d'ailleurs pas le seul écrivain à être poursuivi par la justice, puisque nous serons dix dans le box des accusés, lors d'un procès qui promet d'être riche, organisé par l'association Cours Julien, le 10 juin, sous la houlette du redoutable procureur Gilles Del Pappas !
Chaque auteur est défendu par un avocat. Deux prix seront remis. Un prix des lecteurs et un prix de l'éloquence récompensant l'avocat ayant le plus de bagout.

Màj. Le prix du polar marseillais a été attribué à Johanna Gustawson. Mon avocate, la pétillante Joanne Dakessian, a obtenu le 3e prix du concours d'éloquence. Plaidoirie ci-dessous.
De Gaulle, van Gogh, ma femme et moi (290 p, 10 €), disponible sur le site de