mercredi 30 novembre 2016

Pain perdu chez les Vilains, prix Delta Noir 2016

Contrairement aux usages voulant que les prix littéraires récompensent un roman récent, le prix Delta Noir, décerné par le festival Delta Noir de Port Saint-Louis-du-Rhône, est intemporel. Étaient nominés Mouloud Akkouche, Guillaume Audru, Anne Bourrel, Jeanne Desaubry, Anouk Langaney, Sophie Loubière, Nadine Monfils, Martine Nougué, Dominique Manotti, Romain Slocombe et ma pomme, qui n’ai plus publié de polar depuis bien longtemps…
Pain perdu chez les Vilains (Canaille, 1992, rééd. Après la Lune 2012) a été choisi par le jury, coiffant sur le poteau Or noir, de Dominique Manotti. Outre la surprise de recevoir un prix pour un livre publié… 24 ans plus tôt, j’ai reçu des mains de Suzanne Marx, présidente du festival Delta Noir, un magnifique trophée réalisé par l’artiste Jean-Jacques Mar.

mardi 25 octobre 2016

18-20 novembre. Festival Delta Noir (Port-Saint-Louis-du-Rhône) et retour à Beauduc

La maison de l’Indien, Beauduc
Sur la carte de la Camargue, le village de Beauduc est situé entre Saintes-Maries-de-la-Mer et Salin-de-Giraud, mais à moins de s’y rendre à vol d’oiseau ou en bateau, la voie terrestre vous contraindra, via Port-Saint-Louis-du-Rhône et Salin-de-Giraud, à emprunter sur onze kilomètres une route caillouteuse et poussiéreuse sinuant entre les eaux de la mer et des marais.

Roussette et Grisette, poules orphelines
Il est également possible d'y aller en restant chez soi, par exemple en visitant le blog Impasse des pas perdus. Cette visite virtuelle offrant l’avantage de vous éviter un triste spectacle, puisque ce merveilleux endroit aux allures de far-west planté de cabanons tous plus brindezingues les uns que les autres, que j’eus le bonheur de visiter en septembre 2001, lors d’un séjour à Vauvert, où se déroule Le diable dans le rétroviseur, a été rasé en 2004, sur l’injonction de directives préfectorales peu sensibles à la poésie sauvage qui émanait des lieux. (Il semblerait que les intransigeants ronds-de-cuir du très kafkaïen ministère de la Protection des Populations, notoirement connu pour avoir chassé les trois poules Grisette, Roussette et Blanchette d’une école de Caen, au motif qu’elles étaient potentiellement dangereuses pour les enfants – la date de ponte ne figurant pas sur les œufs [sic] –, n’y soient pour rien… On respire.)
  Mais pourquoi donc, allez-vous dire, nous parler de Beauduc ?

Eh bien,  parce que je suis invité les 18-20 novembre 2016 au festival polar Delta Noir, organisé à Port-Saint-Louis-du-Rhône, par l'association Écoute voir, où le prix Delta Noir va m’être remis pour Pain perdu chez les Vilains, mon premier roman (écrit en 1984 et publié pour la première fois en 1992 !).

dimanche 4 septembre 2016

Le diable dans le rétroviseur, un roman pour les enfants de 9-10 ans

© Florent Silloray, Rétroviseur, 2001
Tout arrive ! Après 15 ans d’attente, Le diable dans le rétroviseur, mon premier roman pour la jeunesse (9/10 ans), dont je raconte ici les avatars, vient de paraître aux éditions Oskar, avec une magnifique couverture de
Cléo Germain.
Une version courte de ce roman, écrit lors d’une résidence d’auteur à Vauvert (Gard), parut en 2001 dans la revue Rétroviseur, dirigée à l’époque par l’ami Stéphane Geffray.

Le diable dans le rétroviseur leur a plu :
Sandrine Damie, blog Un livre dans ma valise ! : un roman un brin déjanté
Mya Rosa, blog Mya Books : un roman amusant plein de surprises

mercredi 20 juillet 2016

Coup de cœur de Nadège Mulé, librairie Sur les chemins du livre, Saint-Amand-Montrond pour L’esprit Bénuchot

Une envie de livre drôle, décalé, intelligent, pour vous sentir plus riche intérieurement après les vacances. Un ouvrage d’une poésie qui n’en a pas l’air et vous fait vibrer au moindre sourire croisé… Un véritable baume au cœur dans cette période pour le moins troublée… Merci, M’sieur Reboux !

lundi 4 juillet 2016

Esprit Bénuchot : "La différence, c’est l’infini", une contribution de Jean Argenty


Pourquoi aussi peu de gens se ressemblent-ils ?
Comme j’évoquais en juin, à la librairie Eureka Street à Caen, l’une des obsessions de Bénuchot, l’homme qui voulait tout connaître de la foule, une amie (Mireille Brun, pour ne pas la nommer) fit cette réponse lapidaire, à laquelle je n’avais tout bêtement pas pensé, bien qu’elle tombât sous le sens : "C’est l’infini."
Dans un papier intitulé L’être pareil, précédé de cet exergueL’esprit Bénuchot est à la pataphysique ce que l’amphore est à la métaphore, un autre lecteur, Jean Argenty, qui dit ce qu'il pense du roman sur Babelio, parvient à la même conclusion. Voici son texte.
L’être pareil
Jules Bénuchot n’est pas seul à s’être posé la question de savoir pourquoi nous sommes tous, chacun d’entre nous, si différents les uns des autres. Regardez-y bien, autour de vous. À noter que ça n’est pas un service que je vous rends de vous induire à cette constatation terrifiante.
Non, Bénuchot n’est pas seul à être fou. Je me suis posé cette abyssale question la première fois en regardant un film de la série des Marvel dans lequel s’ébattent hardiment plusieurs super-héros. À part qu’ils étaient assemblables de par la différence des sexes, tout en eux était radicalement différent. Cela m’a semblé étrange. Pourquoi, me suis-je dit bien avant d’avoir été contacté par l’esprit de Jules Bénuchot, pourquoi diantre n’y en aurait-il pas deux ou plusieurs pareils, comme dans un défilé de l’armée rouge ? Ben tiens, l’armée, l’uniforme. Là, tous dissemblables au plus haut degré les Marvel puppys.
Alors bien sûr s’il t’arrive de prendre le métro, à Toulouse où ailleurs, tu pourras constater que dans le métro c’est effarant au point que, psychanalytiquement parlant, je me demandais si, cette différence répétée, cette infinité des figures, des vêtures, des bigarrures, insaisissable dans son ensemble, dont la totalité ne peut qu’échapper à l’entendement, n’avait pas à voir avec ce qui est appelé "le Réel" ?

Je marchais l’autre jour aux  abords de la Garonne à Muret, dans une rue en revenant de chez Biffures, la librairie où je venais de récupérer L’Esprit Bénuchot ; je marchais donc le long d’un parapet dont la partie supérieure était faite d’un assemblage de briques roses carrées posées les unes à coté des autres comme des livres rangés sur une étagère et là, dans une sorte de vertige, je me rendis compte qu’aucune de ces briques n’était semblable à celles par lesquelles elle était jouxtée. Mon regard coula le long du parapet pendant que j’avançais devant moi et je ressentis là aussi ce touché du Réel, cette sensation d’un Infini de la différence.

vendredi 1 juillet 2016

Jocelyne Hubert (Fondu au noir) a aimé "L’esprit Bénuchot"

"Un roman feuilleton dans la lignée d’Eugène Sue, Paul Féval et Michel Zévaco : la crème en somme de la littérature populaire, qui sait combiner rebondissements narratifs et critique sociale, inventer des personnages hors-normes, plus vrais que les héros de la grande Histoire. (…) Que vous ayez 70, 50  ou 30 ans, vous, vos parents ou vos grands-parents, vous avez forcément connu de ces moments que Jules Bénuchot, "animal à sang froid qui traque le temps dans les rues de Paris" note dans ses carnets. C'est donc votre histoire qu'il raconte."
La suite de cette critique élogieuse de Jocelyne Hubert est à lire sur le site Fondu au noir, la seule association agréée par la Faculté.

mercredi 29 juin 2016

Coup de cœur de Dominique Garnier, librairie L’Invit’à lire (Paris 10e) pour L’esprit Bénuchot


”Un ouvrage foisonnant, qui aborde Paris et ses rencontres (avec une belle mise en avant de notre cher 10e arrondissement), la physique quantique, le chat de Schrödinger, des situations baroques, des personnages mystérieux et attachants. Il est assez rare de se laisser immerger, et parfois égarer, dans un récit avec autant de bonheur.”


Je dédicacerai L’esprit Bénuchot les vendredi 2 et samedi 3 juillet, de 15h30 à 19h. L’Invit’à lire, 12 rue du Château-Landon 75010 Paris.

lundi 27 juin 2016

Contre la mise en cage du droit de manifester

Ce qui s’est passé jeudi 23 juin à Paris, à l’occasion de ce qui aurait dû être une manifestation contre la loi travail, est d’une gravité exceptionnelle. Un quartier entier de Paris a été occupé militairement, avec présence de fourgons et de troupes très en avant du lieu prévu pour la manifestation, pour exercer une pression par leur seule présence et par des contrôles parfois suivis d’interpellations. 
La suite de cet appel, dont je suis l’un des 23 co-signataires, sur le site de Libération.

dimanche 26 juin 2016

Jacques Lovichi encense "L'esprit Bénuchot" dans "La Marseillaise"

Jacques Lovichi est critique littéraire au quotidien La MarseillaiseC’est aussi un écrivain et un poète. À chaque fois que je publie un roman, ce diable d’homme écrit des articles élogieux sur mes z’œuvres. Le dernier en date, concernant L’esprit Bénuchot, roman sorti sous des auspices assez désastreuses (trouver ce bouquin en librairie relève de l’exploit) m’a donné la chair de poule, et sa conclusion a tellement fait enfler mes chevilles qu’à l’heure où j’écris ces lignes elles ressemblent à des mollets de coq gaulois…

Je ne sais pourquoi je songe à Céline bien que l’œuvre de Reboux et celle du Cavalier Destouches soient à mille lieues de distance. Même capacité à recréer un monde, à globaliser la vie, à trouver un style neuf et inimitable propre à rendre compte de la complexité du propos. Très ancré dans le temps mais au-dessus (ou au-delà) du Temps. Seule question existentielle et qui inquiète ses lecteurs : après s’être tenu si près des limites - les franchissant parfois - comment Reboux pourrait-il aller plus loin ; que parviendra-il encore à écrire ? Seul le silence, alors ?

Critique complète sur le site de La Marseillaise.
Lire aussi la critique de Paul Maugendre sur Les lectures de l’oncle Paul.

dimanche 5 juin 2016

Librairie Eureka Street (Caen). Bœuf bénuchot littéraire avec Monique Lemoine et Rénald Fleury


Le jeudi 16 juin 2016 à 18h30, L’esprit Bénuchot soufflera sur la librairie Eureka Street, 19 place de la République à Caen. 
Bénédicte et Pierre Thomine ont eu la sublime idée d’inviter mes vieux amis Monique Lemoine (accordéon) et Rénald Fleury (contrebasse) à m’accompagner pour une séance de lecture qui risque de dépoter.
Un, car cela fait bien quinze ans que je n'ai pas revu mes comparses de la rue de Bayeux, à l’époque où je faisais mes humanités à l’École normale d’instituteurs et vendais ma revue de poésie La Foire à Bras sur le marché en déclamant des couplets anarchistes. Deux, car ce bœuf sera précédé d’un petit cours de vulgarisation sur la physique quantique, dont j’ai appris les rudiments à la force du ciboulot, grâce aux physiciens Serge Haroche et Etienne Klein, guest-stars de L’esprit Bénuchot. Cet exposé promet d’être joyeux car je n’y entrave quasiment que dalle à la physique quantique ! Mais heureusement, il y a… la musique !!!
Monique (accordéon) et Rénald (violoncelle)

mardi 31 mai 2016

Quelques minutes d’inhumanité dans le métro parisien (quelque chose de bénuchot)

La scène ci-après racontée n’est pas extraite de mon roman L’esprit Bénuchot, mais relate une situation (assez horrible humainement) vécue le vendredi 27 mai 2016 à 19h30, sur la ligne 13, quelque par entre Mairie de Saint-Ouen et Place de Clichy. Elle illustre néanmoins assez fidèlement la démarche du bonhomme, qui consiste à aller vers les gens, surtout quand on ne lui demande rien, et à remettre certaines choses en place…

Vendredi 27 mai 2016, 19h30. Ligne 13.
Wagon bondé. Un homme monte dans la rame. "Pardonnez-moi de vous déranger, je suis à la rue, je fais la mendicité, etc, etc" Occupé à envoyer un texto, je ne fais pas attention à lui. Tout à coup, des éclats de rire derrière moi. Je lève le nez de mon téléphone. Le mendiant est soumis à la question par un voyageur.
– Et que vas-tu faire de cet argent si je te donne de la thune ? Tu vas t’acheter de la drogue, c’est ça ?
Je range mon portable, je me retourne. Le mendiant est tout près de moi. Grand, maigre, le teint cireux, anorak, pas plus de vingt-cinq ans. Il n’a pas l’air en très grande forme. Il bafouille.
– Non, je, euh… À manger. Des fruits. Un sandwich.
– Tu vas t’acheter de la drogue, arrête tes conneries !
– Mais non, je…
– Mais si, tu vas t’acheter de la drogue !
Le jeune homme balbutie. Les rires redoublent. Ça commence à ressembler à un sketche pour public de Cyril Hanouna. Je me retourne. Le public : des hommes. Tous Noirs et baraqués. Au début, j’ai pensé que les rieurs étaient les potes du type, mais non.
– Mais oui, tu vas t’acheter de la came, mon gars…
Le salaud. Un jeune mec. Arabe. Trente ans. Me fait penser au supporter du PSG que j’ai vu l’autre soir gueuler : "L’OM, on t’encule !" en donnant un coup de pied dans un panneau. Le mec y va à la mitrailleuse.
– Je filerai pas d’argent à un mec qui va s’acheter de la drogue, désolé.
Les rires sont contagieux. Ça commence à bien faire. D’autant que le SDF, au lieu de s’éloigner, reste scotché à son agresseur. Je me lève comme une toupie, je regarde l’enfoiré dans les yeux.
– Tu veux pas fermer ta grande gueule, dis ! Personne ne te force à lui donner de l’argent. Et ce qu’il en fera ne te regarde pas !
Le gugusse est surpris par mon ton véhément. S’en suit un dialogue de sourds dans la rame à l’arrêt. Les voyageurs ne mouftent pas. C’est toujours cela qui m’étonne le plus dans ce genre de situation. Le silence total. Certains arrivés en cours de route se demandent pourquoi je vitupère. J’en remets une couche. Le jeune SDF est tellement effrayé qu’il renonce à continuer à faire la manche. Il s’apprête à descendre. Je le retiens par la manche (ah, ah!).
– Non, attends, je vais te donner un peu de fric.
– Ah, ah, tu vas lui donner du fric ! Et pourquoi tu lui a pas donné avant, ah, ah ! Et il va s’acheter de la drogue, tu vas être content…
Je sors mon portefeuille. Je n’ai qu’un billet de 10 €. Je le tends au jeune mec, qui me regarde avec des yeux ébahis, l’air de dire, non, c’est beaucoup trop.
Je lève mon billet vers le salaud.
– Tu vois, mec, grâce à ta connerie, il aura encore plus d’argent pour s’acheter de la drogue. 10 €. Prélevés sur mon RSA.
– C’est ça. Il va remplir son frigo avec de la drogue !
– Et toi, tu devrais remplir ton cerveau avec des neurones. Si tu sais ce que c’est.
 Les Noirs rigolent mais le rire a changé de camp. Le gugusse continue à déblatérer.  (Il est un chouïa simplet, mais cela ne change pas grand-chose au problème.) Avant de descendre sur le quai, le jeune gars me fait coucou de la main, avec un sourire triste. Le métro repart. Un autre jour, je serais descendu avec lui pour faire un brin de causette, mais bon, je ne suis pas dans un jour tout à fait bénuchot. Avant de quitter la rame à la station suivante, je lance au type, qui continue à déblatérer :
  – Je te souhaite de te retrouver un jour à la rue comme lui. Bouffon !
Bouffon, c’est comme crétin. Ça soulage celui qui le dit, et ça calme celui qui l’est.

jeudi 19 mai 2016

Patrice Leconte a lu "L’esprit Bénuchot"


Comme toujours, le fidèle Patrice Leconte, dont Le mari de la coiffeuse figure dans mon panthéon des petites merveilles cinématographiques, est le premier à réagir des 137 cinéastes à qui j’envoie mon dernier roman, dans l’espoir que, peut-être, une adaptation…
Voici ce qu’il m’écrit à propos de L’esprit Bénuchot.

Cher Jean Jacques Reboux,

Comme je n’aime pas faire traîner les choses, j’ai pu lire votre Esprit Bénuchot.
Lecture agréable, certes, mais me voilà bien perplexe. Car je ne suis jamais arrivé à m’attacher à ce vieux Bénuchot pourtant haut en couleurs, ni à Léa, avenante et maline, et qui devrait pourtant me séduire. Comment expliquer cela ? Je sais bien qu’une lecture est toujours très subjective (il en va de même pour les films, la musique, la peinture, etc), mais, en principe, me connaissant, j’aurais dû être touché par votre histoire, par le décor de ce canal Saint-Martin tellement cinématographique, par l’ambiance générale, si singulière, par le ton adopté, par toutes ces choses a priori si séduisantes.
Mais justement, le ton (le style) est sans doute à la base de mon ressenti étrange, cette impression d’avoir le cul entre deux chaises, à cause du mélange de la légèreté, de la cocasserie, du saugrenu, et de la passion quantique (archi trapue) de votre Jules.
En principe, ce genre de mélange ne peut que me plaire. Et puis là, non, ça ne prend pas. Ce qui est, bien entendu, une affaire purement subjective, comme toujours, et qui ne remet nullement en cause les qualités de ce que vous avez écrit.
Pardon pour ce retour décevant.
Ne m’en veuillez pas. Pas trop.
Bon courage pour tout.
Patrice Leconte

vendredi 13 mai 2016

La plainte de Brigitte Lamy (la magistrate qui estimait que la police a le droit de crever les yeux des manifestants à Nantes) classée sans suite

Oyez, oyez !
La plainte de Brigitte Lamy, qui me poursuivait pour avoir écrit un papier intitulé "Brigitte Lamy, la procureure de la République qui estime que la police a le droit de crever les yeux des manifestants", a été classée sans suite par le parquet de Saint-Nazaire car il y avait PRESCRIPTION. Oui, mon général, vous avez bien lu, PRES-CRIP-TION ! Ce qui signifie, en clair, que Mme Lamy, qui classe sans vergogne la plainte de personnes désireuses d’obtenir justice après avoir été gravement blessées par des policiers lors d'une manifestation, n'est pas non plus très douée pour poursuivre correctement un individu qui se moque sans vergogne de ses facultés à rendre la justice parce qu’elle ne porte pas de très bonnes lunettes.

La "justice", une affaire de point de vue
On sait bien, en effet, dans une France où un ancien président qui devrait dormir en prison peut pérorer dans les médias (et à susciter l'admiration de tarés congénitaux et le silence de journalistes morts de trouille), où les violences policières, le racisme, les remugles du fascisme, la corruption, l’indignité d'un personnel politique uniquement intéressé par ses intérêts personnels et sa réélection, et la "déchéance de moralité" en général [le terme est de moi] ont atteint des sommets inquiétants, on sait bien, dans cette France-là, que tout est affaire de point de vue, selon que vous placez du côté du pouvoir et de ce que l’on appelle à tort l’ordre (car l’anarchie, c’est aussi l’ordre, messieurs les  gouvernants !), ou du côté de ceux qui luttent contre le capital allié au pouvoir (loi El Khomeri, Notre-Dame-des-Lances, Good Years, etc).

Brigitte Lamy va pouvoir s’acheter de nouvelles lunettes !
Mais à quelque chose malheur est bon ! Brigitte Lamy n'a pas réussi à me faire condamner ! Cela ne l'a pas empêchée d'obtenir une promotion, puisqu’elle  a été nommée le 5 avril procureure générale près de la Cour d'appel d'Angers, avec, paraît-il, une augmentation de salaire conséquente qui lui permettra, espérons-le, de s’acheter de nouvelles lunettes afin de mieux faire la différence entre des violences policières "dures" (par exemple, un CRS qui crève l'œil d'un manifestant) et des violences policières "molles" (un CRS qui dégoupille négligemment une grenade lacrymogène ou donne un malheureux coup de matraque à un manifestant).
N'étant pas, mais alors pas du tout, d'un naturel rancunier, je lui souhaite donc bonne chance dans ses nouvelles fonctions !

Un juge qui condamne à 2 mois de prison ferme un homme qui a volé un paquet de riz et un paquet de nouilles dort-il bien la nuit ?
Dans le droit fil du papier qui m'avait valu d'être poursuivi par cette dame, je me permets d’accueillir, au hit-parade des magistrats soucieux de se ranger du "bon côté" de la matraque et d'assurer une justice de classe, qui renvoie au siècle des  "Misérables", ce juge de Cahors, qui vient de condamner un homme de 18 ans ayant volé un paquet de nouilles et un paquet de riz à deux mois de prison ferme ! Qui est cet homme (ou cette femme) ? Éprouvera-t-il (elle) une petite jouissance séminale en ouvrant son pâquet de pâtes Lustucru en rentrant du travail ? Dort-il (elle) bien la nuit ? En voilà une question qu'elle est bonne ! Critiquer la justice en tant qu'entité, c’est bien. Et c'est salutaire. Mais ce n'est pas suffisant. Il me semble important de dire qui sont ceux qui la rendent (ou ne la rendent pas), parfois en allant bien au-delà de ce que devrait leur imposer le bon sens et l'esprit de justice, théoriquement liés à des dispositions figurant dans le Code pénal. (Où est-il écrit qu'un homme ayant volé un paquet de nouilles devra dormir en prison?) Je pense à ce préfet qui ordonna une perquisition chez des maraîchers bio en Dordogne, au motif qu'ils avaient été signalés deux ans plus ans à une manif contre l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, mais les exemples sont légion, de ces magistrats, préfets, etc, dans le cerveau doit salement schlinguer. Il faut – on devrait – les citer nommément. Et ne pas se contenter de dire : "le tribunal de Cahors a condamné…" Non, ce n'est pas "le tribunal de Cahors" qui condamne un homme qui a volé un paquet de nouilles à deux mois de prison ferme, c'est un magistrat.   Ou un collège de magistrats, comme lors du jugement de relaxe du tribunal de Bobigny à l'égard du flic qui a tué d'une balle dans le dos Amine Bentounsi, (pour lequel le Parquet a fait appel). Cela dit, pour des raisons "personnelles", je passe mon tour, et je me garderai bien de poser cette question, car la dernière fois que je l'ai posée, cela m'a conduit, dangereux récidiviste que je suis, devant les tribunaux…
Sainte-Églantine-de-Montreuil

"Et vous arrivez à dormir la nuit ?" La question qui peut vous mener devant les tribunaux.
En effet, d'autres aventures judiciaires m'attendent, puisque le 16 juin 2016*, je comparais devant le tribunal d'instance de Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour violences volontaires, poursuivie par une mythomane notoire dénommée Églantine Laval. Pour avoir posé à cette personne la question que l'on aurait envie de poser à tous ces salauds ci-avant évoqués la question qui tue : "Et vous arrivez à dormir la nuit ?" On pourra lire les détails de cette affaire ahurissante, où je suis poursuivi par le parquet de Montreuil, bien que les policiers m'ayant auditionné aient constaté que la "victime" était une affabulatrice en cliquant ICI.

*[N'ayant pu assister à mon procès, j'ai été condamné en mon absence à une amende de 800 €. J'ai interjeté appel. Procès en appel le 2 février 2018 à 13h30 au Palais de Justice de Paris.]

samedi 26 mars 2016

Du "Ballon rouge" au Pont Tournant : miracle de l’esprit Bénuchot

Quand j’étais môme, l’un des livres que m’offrit mon instituteur, M. Gimenez, me rendait littéralement fou et me donnait envie de m’envoler loin, très loin, vers Paris, d’où mon frère aîné Michel, monté à la capitale pour vendre des steaks aux belles dames de la capitale, me rapporta un beau jour de 1967 le plus inestimable de tous les cadeaux : un plein carton de livres pêché dans les poubelles des beaux-quartiers de la capitale, en l’occurrence les 40 premiers San Antonio, qui furent longtemps ma bibliothèque de référence.
Le ballon rouge d’Albert Lamorisse racontait l’histoire d’un petit Parigot qui se prend d’amitié pour un ballon accroché à un réverbère. Poursuivi par une bande de voyous, il n’a pas le temps de pleurer son ballon écrasé d'un coup de pied qu’une grappe de ballons multicolores lui permet de s’envoler par-dessus les toits de Paris. Et la beauté l’emporte sur la cruauté imbécile. Ce bouquin me fit tellement rêver qu’il devint un ami précieux. Il suffisait de l’ouvrir pour que défilent les mots magiques : Montmartre, Ménilmontant, les Champs-Élysées, la Tour Eiffel…
Théophile Blicken en 1952
Pendant toutes ces années, un étrange visiteur s’approvisionnait à la ferme de mes parents en lait, beurre, calvados, patates, haricots. Avant de prendre sa retraite dans nos vertes contrées, Théophile Blicken, qui était suisse, exerçait la profession de chauffeur de taxi… à Paris ! Sa diction lente et rugueuse, sa stature m’impressionnaient, et ma timidité m’empêcha de le questionner sur cette profession peu courue dans nos campagnes, me contentant d'empocher la petite pièce qu’il nous laissait en remballant ses victuailles.
Longtemps après, ayant fait mon nid à la capitale, un taxi venait-il à passer que je pensais à lui. Lorsque j’entrepris de raconter la vie d’un vieux Parisien qui a passé sa vie à immortaliser des milliers de rencontres dans ses carnets, je fis tout naturellement de Jules Bénuchot un chauffeur de taxi. Qui connaît mieux le cadastre de la capitale qu’un taxi ?
Un demi-siècle plus tard, ce Paris-là n’existe plus, sinon dans les livres, les films, les chansons. Les petits métiers ne font plus recette, les pauvres se serrent la ceinture au-delà de la petite ceinture, les cafés au coin de la rue ont été chassés par des banques, la bohème est morte et les fumeurs célèbrent l’eucharistie sur le trottoir. Et depuis un sinistre vendredi 13 novembre, il est même possible de mourir en buvant un verre en terrasse ou en allant au concert. Pourtant, Paris est toujours là, fier de sa devise Fluctuat nec mergitur.
Après bien des péripéties, L’Esprit Bénuchot a fini par prendre son envol au-dessus des toits de Paris, tel le petit Parigot du Ballon rouge, que le hasard a remis sur ma route à l’endroit précis où, chaque matin quarante ans durant, mon héros à moi, Jules Bénuchot, prit son caoua : le zinc du Pont Tournant, à l’angle du quai de Jemmapes et de la rue de la Grange-aux-Belles.
Ceci mérite bien entendu une explication…
Aïcha, Dominique et ma pomme
Début janvier 2016, mettant à profit le récurage du canal Saint-Martin pour photographier les vestiges archéologiques gisant au fond des eaux (vélos, mobylettes, bidons, gamelles, caddies, valises, godasses), je fis halte au Pont Tournant. Au détour d’une conversation, Aïcha, la patronne, et son barman, Dominique, m’apprirent que l’établissement avait servi de décor à une scène d’un film avec Juliette Binoche… Le voyage du ballon rouge.
Sidéré, je les fis répéter.
– Même qu’à la fin ils ont bu… des ballons de rouge, ah, ah ! Tu te rappelles, Aïcha ?
– Ah, non, Juliette Binoche a pris un thé à la menthe !
J’avais vu Le ballon rouge, le magnifique film qu’Albert Lamorisse tira de son roman (palme d’or du court-métrage à Cannes en 1956), et que vous pouvez regarder toutes affaires cessantes si vous cliquez ici, mais j’avais ignoré lors de sa sortie en 2007 Le voyage du ballon rouge de Hou Hsiao-Hsien, préférant garder le souvenir impérissable de l'original, dont il est librement inspiré.
Bien entendu, sitôt connue l'incroyable nouvelle, je m’empressai de regarder Le voyage du ballon rouge – mystérieusement disparu de You Tube deux jours plus tard ! Le film raconte l’histoire d’un petit garçon rêveur dont la rencontre fugitive avec un ballon accroché au-dessus d’une bouche de métro n’est que le prélude à une balade poétique se terminant au musée d’Orsay, où Simon retrouve le ballon prisonnier d’un tableau. Contrairement au film de Lamorisse, où il est omniprésent, le ballon ne fait ici que de rares apparitions, à la fenêtre du môme, qui ne le remarque pas, jusqu’à s’envoler au-dessus des toits. Comme dans l’original. Mais sans le bambin à ses basques.
Emmène-moi au pays des merveilles…
Pas de ballon rouge dans la séquence tournée au Pont Tournant. Et pas de Juliette Binoche. Mais un flash-back d’une émouvante beauté. Simon et sa sœur entrent dans le bar. Simon commande une menthe à l’eau, Louise un sirop de grenadine. On ne peut les imaginer plus heureux. Ils mettent une pièce dans le juke-box – toujours là en 2016 –, qui laisse échapper la voix de Charles Aznavour. "Près des docks où le froid et l’ennui me courbent le dos… Ils arrivent, le flanc alourdi de fruits, les bateaux…" Louise invite son petit frère à danser, qui rechigne. Elle se moque gentiment de lui, ils entament quelques pas… Et les voilà jouant au flipper dans un autre café, accompagnés par la voix d’Aznavour : "Emmène-moi au bout de la terre… Emmène-moi au pays des merveilles."
Quand je serai grand, je serai amoureux…
Repassant en boucle cette scène pleine d’émotion, visible ici, je m’imagine enfant, dansant ici avec une môme de Paname que je n’aurai jamais connue. Et je danse pour de bon, cinquante ans plus tard, avec une belle absente, sous le regard ahuri de la chatte Suzy. Je réalise alors en frissonnant que si je ne suis pas allé voir Le voyage du ballon rouge à sa sortie, ce n’était peut-être pas seulement pour garder intact le souvenir du Ballon rouge. Mais parce qu’il contenait le présage d’une pensée magique dont j’ignorais qu’elle me tomberait dessus quelques années après.
Si j’étais allé voir ce film, la magie aurait été infiniment moins forte que celle que j’ai ressentie en le découvrant un matin de janvier 2016. Le Pont Tournant n’aurait pu être le QG de Jules Bénuchot ; me résoudre à cette facilité eut été impossible.
Mais qui donc a jeté cette valise ?
À présent, je sais que le ballon rouge et l’esprit Bénuchot ne font qu’un. Comme si je savais en écrivant ce livre que le ballon rouge m’attendait ici ; cet arrangement a posteriori sonne comme une évidence. L’esprit bénuchot coule dans le lit du canal par la volonté… du hasard. Un peu comme cette valise aperçue tout à l’heure en amont du pont tournant, reposant dans le lit asséché, recouverte de quelques centimètres d’eau.
Échographie du canal Saint-Martin
Mais au fait, cette valise ? Qui l’a jetée dans le canal ? Son propriétaire ? Quelqu’un d'autre ? Et tous ces vélos… Qui les a jetés à l’eau ? Des cyclistes éméchés ? Des suicidés ? Des fêtards en goguette ? Des enterreurs de vie de garçon ? Des vandales ? (La voix malicieuse de M. Bénuchot me glisse à l'oreille :) À moins que ce soient… des petits malins amusés à l’idée que quelqu'un demandera un jour : "Mais qui donc a jeté tous ces vélos à la flotte ?"

Mais revenons à la valise. La valise de Bénuchot. Car c'est elle, bien sûr ! Tout comme le ballon rouge a traversé le temps, du mois de juin 1967 où il me fut remis à la fête de l'école de Madré, jusqu’au printemps 2016, cette valise a traversé le temps, de la réalité à la fiction. D’un univers à l'autre. Un voyage quantique, en quelque sorte… Cette valise, c’est la boîte où repose le fameux chat de Schrödinger. Tant que je ne l’aurai pas ouverte, tant que je n’aurai pas vu ce qu’elle contient, ce sera potentiellement celle de Jules Bénuchot. Cette valise contient tous les mystères du roman. Et ceux qui n’ont pas été résolus. Parce que, dans la réalité comme dans la physique quantique (qui obsède Bénuchot), ce qui se cache est parfois plus important que ce qui se montre. Non, franchement, il vaut mieux lui foutre la paix, à cette pauvre valise… Et d’ailleurs, si elle n’apparaît pas dans les 544 pages du roman, il y a forcément une raison…

L'esprit Bénuchot, 544 pages, 22 €, Lemieux Éditeur, en librairie le 22 avril