vendredi 18 décembre 2009

Alain Finkielkraut : "Le pouvoir est faible et il y a un conformisme du sarcasme."

Après Henri Guaino, une autre de mes bêtes noires vient de sévir. Dans un débat avec Alain Badiou, auteur du passionnant De quoi Sarkozy est-il le nom? (mais aussi de Éloge de l'amour, dont l'intérêt, personnellement, m'échappe), Alain Finkielkraut se déchaîne…
Quelque temps après avoir affirmé: "L’existence d’un ministère de l’Identité nationale ne me choque pas. (…) Je ne suis pas du côté du Pouvoir."  "Nous assistons à un véritable réensauvagement de l’humour" et autres joyeusetés, il revient, en pleine forme!
L'intégralité du débat, animé par Aude Ancellinsur le site du Nouvel Obs. J'ai retenu ce passage particulièrement croquignolet.

Finkielkraut:
..."Si Sarkozy c'est Pétain, alors vous êtes un résistant. Je vous invite, vous et la gauche intellectuelle qui, sous votre égide, devient complètement mégalomane, à cesser de vous raconter des histoires. Sarkozy n'est pas un chef, c'est une cible. L'insulte au Président de la République est devenue l'exercice le plus courant, le plus grégaire, sur le net et dans les médias. Quand le pouvoir politique était fort, il y avait un conformisme de l'obséquiosité, aujourd'hui, ce pouvoir est faible et il y a un conformisme du sarcasme."

Ce à quoi Badiou répond:
..."Vous avez un axiome fondamental qui est de type consensuel. Vivre ensemble. Vous faites comme si on était dans des conditions où il ne devrait pas y avoir d'ennemi véritable, où on devrait nécessairement avoir des rapports de respect avec le sommet de la République. Vous décrivez une scène politique virtuelle qui n'a aucun rapport avec la scène réelle. Dans la vraie scène, il y a des ennemis, des accapareurs du pouvoir, des inégalités monstrueuses, toute une couche de la population qui se voit discriminée dans la loi elle-même. Il y a des règles, contrairement à ce que vous dites, mais des règles unilatérales. Et dans cette situation-là, vous semblez considérer que ce qui doit requérir l'attention d'un philosophe c'est l'enthousiasme provincial, comme on le connaît dans le sport, d'une deuxième génération d'immigrés algériens pour la victoire de leur équipe d'origine. Vous ne parlez que de problèmes insignifiants et vous en parlez de manière d'autant plus dangereuse que vous investissez dans ces problèmes une sorte d'affect totalement excessif. Je souhaiterais que cet affect surnuméraire, vous l'investissiez en direction des ennemis véritables."

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